mariegrand 2"C'était bien ce sage physicien qui les avait faites comme elles étaient, ces deux sœurs téméraires, déterminées à ne jamais se laisser marcher dessus, à braver les interdits, à gagner leur liberté. C'était bien lui qui les avait accompagnées à la gare centrale de Varsovie, l'une puis l'autre, les lâchant à travers l'Europe, et rentrant pour attendre le facteur. Lui qui leur avait expliqué que rien ne serait impossible si elles restaient fidèles à leur ambition"

Marie et Bronia ou l'enfance et la jeunesse de deux Polonaises passionnées de sciences à la fin du XIXè siècle. Il s'agit de Marie Sklodowska qui deviendra Marie Curie et de sa grande sœur Bronia, moins connue (ou même pas du tout) mais qui mena elle aussi une vie peu commune pour l'époque. Elles ont 13 et 11 ans lorsque leur mère et leur sœur aînée meurent de la tuberculose. Le père, professeur, élève seul ses 4 enfants, forcé de louer une partie de l'appartement pour subvenir à leurs besoins ; il fait de leur éducation une priorité absolue : pas question de renoncer à l'école malgré les difficultés. Bronia prend naturellement en charge toutes les tâches domestiques sans négliger ses cours. Les deux jeunes filles mènent un parcours scolaire brillant mais ne peuvent accéder à l'université, interdite aux filles dans une Pologne sous le joug des Russes. Qu'à cela ne tienne, elles suivent sans hésiter des cours clandestins, au risque de se faire arrêter. Puis, vient le pacte (celui du sous-titre) : Bronia rêve d'être médecin, Marie s'engage à donner des cours privés (devient gouvernante) pour financer les études de sa sœur à Paris. Une fois son diplôme obtenu, (elle est gynécologue) c'est Bronia qui aide Marie à mener ses études de physique à la Sorbonne. On continue de suivre les jeunes femmes, leurs carrières et leurs amours, jusqu'à l'obtention du Nobel décerné aux Curie pour leur découverte du radium (à noter que l'académie des sciences parisienne n'avait proposé que le nom de Pierre pour l'obtention du prix, c'est l'académie suédoise qui, au vu des recherches, a adjoint celui de Marie).

Un très bon roman, qui se laisse dévorer, écrit d'une plume dynamique et enthousiaste ; Natacha Henry connaît bien son sujet car elle a déjà écrit en 2015 un livre intitulé Les sœurs savantes. Marie et Bronia ont eu une vie exceptionnelle à laquelle elles n'avaient pourtant pas le droit de prétendre à la base. Wladyslaw a élevé ses enfants guidé par un idéal d'égalité d'éducation entre les filles et les garçons, et par l'idée que l'ambition, la détermination et l'assurance sont les meilleurs alliées pour aller loin, les deux sœurs y ajouteront la solidarité : ce sont ces valeurs qui traversent le livre, en sont le fil rouge. C'est aussi, en filigrane, un hommage au père. Un roman d'éducation, un roman initiatique intelligent et résolument optimiste (comme la majeure partie des romans de cette collection me semble-t-il), le portrait de deux femmes  pionnières en ce qui concerne la place des femmes dans la société. Marie Curie apparaît joyeuse, passionnée et insoumise, un très beau portrait de femmes.

(Fabienne)

 

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