marek« Henri, dès notre première rencontre avait parlé des lettres françaises et non pas de la littérature française, formule qu'il jugeait pompeuse... Les lettres et non pas la littérature, moi je serai de ceux qui enseignent les et non pas la, car les sont en mouvement, jamais rassassiés et la dort déjà... »

Alors qu'elle vient d'enterrer son mari, une vieille dame, Magda, revient sur une partie de sa vie, avant et pendant la guerre essentiellement, une époque où elle est devenue très amie avec une petite fille juive de son âge, habitant le même immeuble. Les deux familles se lient très vite et deviennent inséparables, jusqu'à une rupture assez brutale et inexpliquée. Magda et sa famille déménagent, les fillettes continuent de se voir mais les parents, bien que le regrettant de part et d'autre, ne prennent plus le temps de s'inviter, à quelques exceptions près. Dès lors, une attente se crée : que s'est-il passé pour expliquer cette distance ? Le lecteur a bien sa petite idée... Au-delà de cette question qui plane sur le récit, l'auteur explore le sentiment d'amitié qui unit Magda et Prune, une amitié exclusive dans un premier temps, puis après le déménagement, une amitié plus difficile à maintenir dans le contexte du Paris occupé : les filles grandissent et évoluent différemment, Magda se voue à ses études alors que Prune s'engage auprès des réfugiés juifs. La tension grandit peu à peu dans ce texte faussement calme, le lecteur pressent le drame, et c'est finalement une double claque qui le surprend à la fin de sa lecture... Un roman très court, qui aurait peut-être gagné à l'être davantage encore : Anna Lisbeth Marek aurait pu resserrer sont texte mais peu importe ; le roman fonctionne comme une nouvelle, il tient le lecteur en haleine et l'essentiel est dans la chute, qui est d'ailleurs tout à fait bluffante et réussie. Un roman tout en délicatesse, à découvrir !

 (Fabienne)

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