erlih"Un tout petit pas de côté, une infime bascule du poids du corps, et je pourrais ne jamais plus déranger personne, ne jamais plus me sentir de trop"

Ce court roman est l'histoire d'une traversée sur un fil, entre 2 immeubles, à 100 mètres du sol... Le narrateur est lui-même le funambule et c'est la première fois qu'il "marche" à cette hauteur, sans aucune mesure de sécurité.. Dès la 1ère scène, celle du tirage au sort qui désignera celui des deux amis qui se lancera, le temps est suspendu, l'action semble se dérouler au ralenti.

Highline est le roman des sensations, la palette des émotions ressenties par le narrateur est très large, à commencer par la peur, avant même le tirage au sort : "Peur de quoi d'abord ? De pile ou de face ? D'être désigné ou de ne pas l'être ? D'y aller moi-même ou de devoir regarder Mouss s'élancer en restant à piaffer, albatros banni du ciel, sur l'âpre béton du balcon," (p. 10), mais aussi l'angoisse, le soulagement, le relâchement, la déception, le bonheur, la frustration, la jalousie, la terreur et enfin, les sentiments de puissance et de plénitude en évoluant sur le fil. Au début de la traversée, il se parle, se raconte des trucs, se rappelle que la réussite relève non pas d'un savoir-faire mais d'un dosage délicat des émotions justement : "Si je doute, je tombe, et si je ne doute pas assez, je risque aussi de tomber. Je dois me tenir exactement là, sur la maigre crête qui délimite le trop et le pas assez de confiance en soi. Sur le fil du rasoir." (p. 39). Un temps, il sera tenté de sauter, c'est là qu'on comprend qu'il ne "marche" pas seulement pour l'adrénaline mais que sa vie n'est pas simple : "Un tout petit pas de côté, une infime bascule du poids du corps, et je pourrais ne jamais plus déranger personne, ne jamais plus me sentir de trop" (p. 49) heureusement il se reprend : "Tu ne laisseras pas derrière toi le seul souvenir d'un échec" (p. 52), mais il n''est pas au bout de ses peines, le vent se lève, la pluie s'abat, et il n'échappera que de peu à la chute... Évidemment, cette traversée entre deux immeubles est aussi une traversée sur le plan symbolique, un rite de passage qui l'amènera à choisir une voie, sa traversée du désert qui le réconciliera avec la vie, son passé mais aussi son avenir. Il l'ignorait en posant le pied sur le fil mais c'est la liberté qui l'attend au bout du voyage... Le lecteur est en apnée d'un bout à l'autre du roman, impossible de le lâcher. Des phrases courtes, pas un mot de trop, un texte qui renoue avec l'essence même de la collection : un texte d'un seul souffle. Un gros coup de cœur.

 (Fabienne)

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