« C’est le destin, mon garçon, et tu n’as pas les moyens de t’en payer un autre »

Gio rentre chez lui après des mois passés à l’hôpital, il aurait pu et même voulu y passer parfois car il sait que « se remettre à vivre, c’est signer pour la noirceur », mais toujours les "nurses" l’ont ramené vers la vie. C’est un cousin qui l’a salement dérouillé alors, quand il revient, son père l’avise tout de suite que dès le lendemain, ils iront avec quelques oncles régler les comptes, la guerre n’est pas finie. Un gamin les accompagnera aussi, Papillon, il traîne un lourd passé et ne parle plus. La rencontre finira mal, il y aura beaucoup de morts et Gio se retrouve sur la route puis à bord d’un train de marchandise qui ne s’arrête jamais, avec Papillon et Dolores, une gamine « récupérée par dette », deux enfants perdus, avec l’espoir de tirer un trait sur la violence mais il faut croire que celle-ci a décidé de ne pas les lâcher comme ça…

On ouvre Le chien des étoiles avec dans un coin de la tête Le démon de la colline au loup mais c’est bien une autre histoire que nous allons lire. Gio, c’est « le genre qui a foutu un pied dans la nuit, et qui a du mal à garder l’autre en plein jour. Le genre absent d’une façon qui ne se négocie pas et qui est torturé chaque seconde », c’est dans les étoiles qu’il trouve refuge, une échappée mystique. Les personnages vont nous habiter voire nous hanter comme avait pu le faire Duke mais d’une autre façon car ils ont une identité et une histoire qui leur sont propres. Gio, mais aussi les autres, Papillon et Dolores, la grand-mère et Henrique sont magnifiquement incarnés, ils tentent de faire contrepoids à la douleur et à la violence, à la solitude et à la haine ; le roman est déchirant mais il y a aussi beaucoup d’amour et d’innocence, c’est d’ailleurs peut-être ce qui rend plus insupportable encore la tragédie. Et puis, il y a l’écriture de Dimitri Rouchon-Borie, qui nous vrille, et par laquelle transpire toute l’humanité de l’auteur.

Fabienne

Un entretien avec Marie Richeux dans le Book-Club sur France-Culture, à écouter ici

 

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