« L’ours servait à racheter la bonne conscience collective. Un ours qui devenait le porte-étendard de militants, d’associations, de touristes et de politiques, qui n’avait plus grand-chose à voir avec la montagne »

Revenu dans les Pyrénées de son enfance, Gaspard s’initie au métier de berger grâce au vieux Jean qui lui transmet son savoir. L’histoire débute quelques jours avant le départ pour l’estive, une saison qui s’annonce difficile : l’année précédente une bergère est morte dans les montagnes, et Gaspard en reste traumatisé. L’ombre du drame plane sur tout le roman mais les circonstances ne nous seront dévoilées qu’au compte-gouttes, comme s’il fallait laisser à la confiance le temps de s’installer entre le lecteur et le narrateur. La-haut, Gaspard croisera de loin en loin Alma, une jeune scientifique qui étudie le comportement des ours pour le compte du Centre National pour la Biodiversité. Elle souhaite établir que la cohabitation est possible entre le plantigrade et les éleveurs : ce n’est pas gagné. Pionnière de l’éthologie en France, elle ne fait pas l’unanimité au sein même de son Institut. Entre ces deux histoires qui s’entrelacent, Clara Arnaud nous raconte, comme un interlude, l’histoire de Jules, montreur d’ours qui, un siècle plus tôt a quitté la montagne avec son animale pour chercher la fortune outre-Atlantique.


Les personnages de ce roman sont beaux, ils sonnent « vrais » avec leurs émotions, leurs failles, leurs doutes, des portraits tout en nuance ; Gaspard et Alma, qui se vouent à la solitude dans les hauteurs, sont tous deux en quête d’un équilibre. Et puis il y a la montagne, là encore nous sommes loin de "la carte postale" pour reprendre les mots de Clara Arnaud. A la fois « matrice et tombeau », elle fascine et peut tout à tour éblouir ou pétrifier. Les descriptions, de la nature, des lumières, des animaux sont magnifiques, celles de Gaspard qui suit son troupeau, ou d’Alma, à l’affût, on est dans une autre temporalité et nos sens sont mis en éveil. J’ai aimé aussi la place accordée à la toponymie, ces lieux qui gardent la trace des évènements grâce aux noms qui se transmettent seulement par la parole. Et puis l’ours bien-sûr, la mythologie, les croyances populaires qui lui sont liées. Clara Arnaud questionne avec finesse la place de l’humain dans la nature sauvage et son roman est une invitation à l’humilité.

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A retrouver, une sélection sur la montagne :

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